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16/10/2012

Des Lumières à l'obscurantisme

Ah cet admirable esprit cartésien ! Depuis le Siècle des lumières, nous louons la rationalité du peuple français et son brio. Les sciences, les technologies nous ont permis d'atteindre un degré de développement exceptionnel. L'instruction s'est généralisée, la culture n'a jamais été aussi riche et accessible. La profusion des moyens de communication a réduit notre planète à un village global que l'on sillonne en voiture, car, train, avion, bateau... ou par courrier, téléphone, télécopieur, télévision, ordinateur... Entrer en communication avec un habitant du bout du monde est devenu plus facile que d'aller taper à la porte de son voisin.

Mais l'avancement des connaissances et le progrès technique ne semblent pas avoir éclairé la raison des hommes. Jacques Le Goff, historien spécialiste du Moyen Age, disait dans Le Point : «(...) Je ne crois pas que le Moyen Age ait été obscurantiste en général, et en particulier dans le domaine religieux. Quand je vois l'impact des sectes sur nos contemporains, le nombre et le statut social et intellectuel des gens qui en cachette se précipitent chez les cartomanciennes et les diseuses de bonne aventure, je me demande où est l'obscurantisme. Les hommes du Moyen Age étaient plus sincères et plus rationnels dans leurs croyances et leurs pratiques !».

D'où vient le fait que l'homme moderne soit ainsi perdu ? Peut-être, comme le suggérait Alain Finkielkraut, à cause de cette ingratitude, cet oubli, cette méconnaissance des bienfaits reçus du passé ou ce refus de les reconnaître. Peut-être aussi du fait que comme l'aurait écrit Marc Twain : «Ce n'est pas tant ce que les gens ignorent qui cause problème ; c'est tout ce qu'ils savent et qui n'est pas vrai». Peut-être enfin parce qu'ont été relégués au second plan la littérature, la philosophie, l'histoire, la géographie, la morale, la religion, les arts..., au profit des savoirs scientifiques et surtout professionnels et techniques directement utilisables et exploitables.

L'obscurantisme fait son nid dans le manque ou l'absence de curiosité, de mémoire et de culture générale et classique, dans les préjugés, la superstition, la crédulité, l'incohérence, l'inexactitude, le refus de se remettre en question... A force de vivre uniquement dans la certitude de l'instant présent, nous perdons le sens de l'aventure humaine et de notre existence. Et nous négligeons les richesses de notre patrimoine universel, ces sources lumineuses de vérité et de liberté, de beauté et de bonté, en un mot de sagesse.

12/10/2012

La question est de savoir comment ou pourquoi ?

Ne sentez-vous pas notre société comme en apesanteur depuis quelque temps ? Goûtant et défendant les derniers instants de flottement dans le vide de son inconscience, avant de devoir revenir sur terre, à la réalité de la pesanteur et de ses lois implacables. Le monde impose sa gravité et son centre n'est pas en France. Jacques Chirac l'avait annoncé il y a neuf ans déjà : la société française doit s'adapter dans le dialogue. Mais quel dialogue ?

Entre fuir devant nos responsabilités ou chercher notre salut dans la fuite en avant de la mondialisation, y a-t-il une troisième voie ? Et quelle adaptation ? A-t-on vraiment encore le choix ? Luc Ferry confiait en janvier 2003 au magazine Le Point : «Sur les retraites comme sur l'Education nationale, gauche et droite savent ce qu'il faut faire. La question est de savoir comment». Et si c'était vrai pour beaucoup d'autres problèmes ?

L'«art politique» préconisé par le ministre de l'Education nationale de l'époque pour faire avaler les pilules amères, consistait à "«bouleverser sans le dire» les institutions" et, évoquant Machiavel, à "s'appuyer sur «les passions les plus communes» plutôt que sur l'armée, les princes ou les laquais". Même si l'on est en droit de penser que ces derniers, et autres larbins et valets du pouvoir, rendent encore de fiers services.

Mais le nerf de la guerre, c'est l'Economie, les Finances et l'Industrie. Leur ministre d'alors, Francis Mer, interrogé sur son action, déclarait sur France 2 en février 2003 : «Ça consiste à libérer les énergies, ça consiste à diminuer les charges, ça consiste à faciliter la création d'entreprises, ça consiste à faciliter l'augmentation des fonds propres des entreprises, ça consiste à développer la Recherche et le Développement. Voilà ce qu'on fait».

Le tout pour réussir une mondialisation heureuse, malgré ses inconvénients. Que François Fillon, ministre en ce temps-là et entre autres des Affaires sociales, justifiait sur RTL : «II est complètement inutile de se lamenter, car ces délocalisations, ce sont des pays qui accèdent au développement, c'est un mouvement historique, inéluctable». Impossible d'y échapper donc, même en luttant. Non, ce qu'il fallait paraît-il, c'est retrouver goût au travail.

Et là, Francis Mer s'inquiétait que «pour les Français de plus de quarante ans, la retraite soit considérée comme le paradis sur terre» et «qu'ils ne rêvent que d'une chose, ne plus avoir de patron, de discipline, de stress, d'engueulades, de contraintes, et enfin de vivre. (...) Comment se fait-il que notre Etat et nos entreprises ne sachent pas donner plus de goût à la vie professionnelle ?». Tiens ! voilà une bonne question.